Une singularité radicale
La beauté la plus troublante, la plus agissante est celle qui ne se présente pas à nous sous ce nom galvaudé et toujours canonique.
Les dessins de Gérard Nicollet sont à contempler sans la réserve prudente qu'y met l'intellect à reconnaître son époque. Inutile d'interroger les formes, le geste, le temps, le voile, le miroir. C'est une œuvre qui nous regarde et répond au silence que nous lui accordons.
Il y avait entre la minutie occulte d'Augustin Lesage et l'art du surgissement d'Eugène Leroy une place à prendre. Elle est prise. Prise avec une singularité radicale puisque Gérard Nicollet ne dessine que le sujet que nous ne voyons pas ou, plus exactement, il nous le révèle en le mettant en distance de lui-même, sans le connaître d'avance, après l'avoir extirpé de son enfouissement. Ceci fait avec une lenteur telle qu'elle déjoue la coquetterie de la forme et préserve, du premier geste hasardeux au dernier nécessaire ce qui doit paraître sans préjugé, tel qu'en soi-même.
Daniel Fatous
Lorsque je dessine, je commence à partir de presque rien. La feuille (ou la toile) est blanche. Quelquefois je la prépare au préalable en l'enduisant de gesso ou je la recouvre d'un mélange d'encre diluée. Mais avant toute chose, je trace un cadre, généralement à 3cm du bord. Ce cadre fixe les limites de mon dessin. Il trace la frontière entre le monde réel et imaginaire, bien qu'en réalité je sais que cette frontière n'existe pas. Mais le cadre me rassure et me permet de me préparer à ce que je vais entreprendre. Dessiner.
Ensuite seulement je commence à dessiner. Je ne sais pas à l'avance ce que je vais dessiner. J'aime ne pas savoir. Je découvre mon dessin petit à petit. Je pars souvent d'un point, d'un cercle ou d'un simple gribouillis informel qui se complexifie au fur et à mesure.
J'aime l'inconnu, il permet aux formes et aux textures de surgir. C'est quelquefois inconfortable, lorsque la main hésite, que l'esprit est absent. Mais c'est indispensable pour que l'inconscient et le rêve envahissent la feuille.
Quelquefois les formes sont en apparence abstraites, répétitives, presque géométriques, concrétisations de visions fugitives et de paysages mentaux.
D'autres fois, des visages, des mains, des yeux apparaissent.
Lorsque le dessin est un peu avancé, je le tourne dans tous les sens pour voir comment il « tient ». Quelquefois je le trouve plus fort en le retournant et je le poursuis alors dans ce nouveau sens.
La plupart de mes dessins peuvent être vus à l'endroit et à l'envers. J'imagine une exposition dans laquelle mes dessins seraient accrochés une semaine à l'endroit, et l'autre semaine à l'envers.
Dessiner c'est traverser les apparences. Partir à l'exploration de mondes inexplorés. Et cette exploration n'a pas de fin. Elle dure tant que la main dessine.
Lorsque le dessin est terminé, après un nécessaire temps de repos, je suis à nouveau impatient de repartir à l'aventure.
Je me dis toujours que mon prochain dessin sera plus fidèle aux images qui habitent mon corps et de ma tête.
Gérard Nicollet
Gérard Nicollet est né en 1954 en Tunisie.
Après une enfance passée en Bretagne où il effectue sa scolarité, il passe une dizaine d’années aventureuses pendant lesquelles il est tour à tour comédien, homme de ménage, enquêteur-codificateur, cuisinier végétarien, chômeur…avant de devenir bibliothécaire musical, puis plus récemment documentaliste au Musée Réattu, à Arles.
Parallèlement, il publie en 2004 aux Editions Alternatives, « Chercheurs de sons », livre consacré aux inventeurs d’instruments de musique et de machines musicales. Il anime également un blog dédié à la même thématique et a écrit plusieurs récits inspirés par le monde sonore.
Très jeune, il s’est intéressé à l’art brut et à ses alentours, intérêt qui s’est transformé en passion après une visite au musée de l’art brut de lausanne, puis par son amitié avec raymond reynaud, figure emblématique de l’art singulier en france.
Il a toujours écrit et dessiné.
Expositions collectives
Biennale Hors Normes, Chine, 2016
Thèm'Art Fragilité, La Garde, 2016
Galerie Le Cinéma Repaire artistique, Roquevaire, 2016
Galerie La Ralentie, Paris, 2016
Festival d’art singulier, Roquevaire, 2015
Mythimages, Marciac, 2015
Biennale Hors Normes, Intime/Extime, Lyon, 2015
Au Fabuleux Destin, Aubusson, 2015
Salon d'Art Brut Outsider Singulier, Rochemaure, 2015
Biennale d'Art partagé, Oléron, 2015
Artothèque Babart, Bagnols sur Cèze, 2015
Epicerie de l'Art, Pont du Gard, 2014
Embrasez vous !, Eglise des Frères Prêcheurs, Arles, 2011
L’Air de Riens, Eglise des Frères Prêcheurs, Arles, 2009
ElémenTerre, Eglise des Frères Prêcheurs, Arles, 2007
Entrée en matières, Eglise des Frères Prêcheurs, Arles, 2005
Association des Amis de Raymond Reynaud, Cellier Saint Augustin, Sénas, 2000
D’un point l’autre, Chapelle Sainte Anne, Arles, 1999
D’un point l’autre, Librairie d’images, Montpellier, 1999
Courants d’Arts, Arles, 1998
Art singulier, un regard hors les normes, Médiathèque, Arles, 1997
Peintures singulières, Saint-Martin de Crau, 1996
Galerie La Licorne en montgolfière, Paris, 1989
Expositions individuelles
Galerie La Rage, 2015
Galerie Polysémie, Marseille, 2014
Sous les paupières, Actes Sud, Arles, 26 mars – 30 avril 2013
Feu du dedans, 340 MS, Nîmes, 15 février – 15 mars 2013
Gérard Nicollet, Association des Amis de Raymond Reynaud, Cellier Saint-Augustin, Sénas, 2000
Les Décollés, Librairie Actes Sud, 1992
Les oeuvres de l'artiste :
Acrylique et gouache sur contreplaqué, 64x54cm
Acrylique et gouache sur contreplaqué, 64x54cm
Encre et crayon de couleur sur papier, 28.4x21cm
Encre et crayon de couleur sur papier, 29.7x21cm
Encre et crayon de couleur sur papier, 29.7x21cm
Encre et crayon de couleur sur papier marouflé sur toile, 46x38cm
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